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O viagem do Benoît
6 avril 2008

La traversée de l'Amazone

DSCN0107 Le bazar du quai du port de Santana, petit village à côté de Macapa d'où partent les "navires", les gros bateaux qui traversent doucement l'amazone (36 heures)... Je serai le seul "Gringo" à bord et, dès l'arrivée sur le quai, tout le monde me dévisage. Du coup encore pas mal de stress de savoir si je vais subir un guet happens (excusez-moi pour l'hortographe...) sur ce quai fermé et pleins de rôdeurs torse-nu et pas très nets. Je ne quitte pas mon appareil photo dans un sac en plastique et mon passeport est sous mon t-shirt dans un étui que je porte en bandoulière!

bateauUne petite explication sur l'organisation du bateau :

Le pont supérieur est inaccessible et consacré à la sécurité (!) avec les canots de sauvetage.

Le pont du milieu est celui où il vaut mieux avoir son hamac : on évite le moteur, les toilettes et la cuisine. A l'arrière se trouve le bar, avec une télé qui passe un DVD (VHS?) de compilation des années 80 et qui est reliée à une enceinte énorme pour que tout le bateau en profite et fasse la fête. A l'avant, les cabines pour les riches mystérieux (comment peut-on devenir riche en Amazonie sans tremper dans quelque trafic?) et leur style Ernest Hemingway. Ces cabines sont séparées du reste du bateau par des grilles cadenassées, ambiance discrimination des classes populaires comme sur les paquebots du XIXe...

Enfin, en bas, on stock la cargaison (beaucoup de passagers sont des commerçants) et les retardataires qui n'ont pas eu la chance d'installer leur hamac sur le pont supérieur.

bateau2

Dans l'attente du départ, on installe son hamac là où on peut et on déguste une orange ou un picolè (glace à l'eau) de manioc (il y en a aussi au maïs vert, c'est très bon!) vendus par les marchands ambulant.

Larguons les amarres!

DSCN0110

A partir de là plus beaucoup de photos parce que je ne voulais pas trop afficher mon appareil numérique devant des gens qui n'ont jamais eu d'appareil photo de leur vie. Non pas qu'ils soient malhonnêtes mais ça ne sert à rien de leur faire envie. En discutant avec eux ils ne se plaignent jamais de leurs conditions de vie, qui ne sont pourtant pas facile : j'ai parlé avec deux personnes qui avaient 18 et 22 ans. Ils avaient déjà chacun 2 enfants... Les femmes ne décident pas vraiment avec qui elles ont ces enfants. Une fille de 14 ans très rigolotte me raconte avec fièreté qu'elle est déjà allée deux fois à São Paulo. Puis, un peu moins hilare, elle explique que c'était pour donner son sang à sa mère hospitalisée. Et elle me dit que ça n'a servi à rien et que sa mère est morte. Puis elle recommence à faire des blagues, l'air de rien!

La nuit tombe après une escale dans un des nombreux villages du bord de fleuve où embarquent des indiens. Je regrette de n'avoir pas pu faire de portraits des voyageurs, il y avait des personnes très belles!

amazone

La nuit tombée, on dîne un roboratif riz, fèves, pates et viande (tout dans le même plat!) et je goutte à l'açaï, un fruit de la région. Le goût est fort mais je ne me prive pas pour ne pas décevoir mes compagnons de voyage tout contents de me voir essayer ça (mais c'est vraiment écoeurant...). Ils me regardent manger et s'amusent de ce que je mange doucement et "comme un enfant". En regardant manger les autres je comprend : les amazoniens ont plutôt tendance à faire glisser le contenu de l'assiette dans leur bouche avec la cuillère à soupe plutôt que d'utiliser la fourchette. Sans doute le souvenir des jours de disette qui les incite à faire des reserves!

soiree_carnabixo_003

Ah! le cours dispensé par le missionnaire européen pour éduquer ces sauvages! Croyez-le, ils ne connaisaient ni les joies des sports d'hiver, ni celles d'un escargot cuit à point dans son beurre d'ail. Quelle tristesse!

Pour passer le temps je donne j'apprend quelques mots de français aux enfants, et en même temps ils m'apprenent le portugais que je maîtrise encore très peu (mon vocabulaire se limite à demander mon chemin, quelle heure il est et à commander vaguement à manger!).

DSCN0112

Première vue de la ville de Belem, fin de la traversée.

La nuit suivant la prise de cette image, je tombe fortement malade, sans doute à cause de l'hygiène douteuse de ces deux derniers jours et des chauds et froids infligés par les averses au cours de la traversée. Tremblant de fièvre, pouvant à peine me lever pour aller aux toilettes, je préfère décliner l'invitation d'autres passager à dormir chez eux : je n'ai pas envie d'être un poids pour ces personnes simples et généreuses.

Je me traîne peniblement jusqu'à un hôtel miteux où je reste un jour et une nuit à dormir, tenter de m'hydrater et à prendre des dolipranes... Le lendemain ça va un peu mieux, moins de fièvre; je décide de rester un jour de plus pour voir quelques musées de la vieille ville et je déménage dans une auberge de jeunesse dans le centre, beaucoup plus sympa. Les musées sont tous gratuits le mardi et j'apprend pas mal de choses sur l'art sacré baroque.

Ensuite, en route pour São Luis do Maranhão!

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